Page:Aubert de Gaspé - L'influence d'un livre, 1837.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.
7

pourtant suivi à la lettre toutes les directions, ajouta-t-il, en prenant le livre, oui : étain, zinc, arsenic, vif-argent, sulphate de potasse. Ah ! s’écria-t-il, en regardant de plus près — soufre ! Je l’avais oublié et il se remit à l’ouvrage. Après une demi-heure de travail il tira du creuset une composition qu’à sa couleur on eût prise pour du fer. — Malédiction ! murmura-t-il, et il laissa tomber la nouvelle substance métallique. Peu importe j’aurai recours à l’autre voie, celle-là me réussira j’en suis sûr ; il me coûte d’en venir là ; mais il me faut de l’or, oui : de l’or ; et l’on verra si Amand sera toujours méprisé, rebuté comme un visionnaire comme un… oui comme un fou ; pourquoi me cacher le mot ? ne me l’ont-il pas dit, ne me l’ont-il pas répété jusqu’à-ce que j’aie été près de le croire ; mais ces mots de l’écriture : cherchez, vous trouverez, je les ai gravés là (et il touchait sa tête) ; elles y étaient au moment où je paraissais sourire à leurs plaisanteries, si agréables pour eux, et si amères au malheureux qui manque de pain. Je ne le leur ai pas dit ; je n’ai pas besoin de pitié ; car c’est tout ce qu’ils m’auraient prodigué.

Il se leva, fit quelques pas et puis ajouta : Il doit pourtant être près de minuit et Dupont ne vient pas ; s’il allait renoncer à son projet ? mais non, c’est un homme de cœur.

Au même instant on frappa à la porte. — Qui va là ? Dit-il, en donnant un accent menaçant à sa voix. Un ami, — fut la réponse.