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auxquels il avait dévoué sa vie. C’était le 15 Août de l’année 182— Charles Amand était debout au milieu de l’unique pièce que contenait ce petit édifice presqu’en ruine. D’un côté un méchant lit sans rideau ; vis-à-vis un établi de menuisier, couvert de divers instruments, parmi lesquels on remarquait deux creusets, dont l’un était cassé : aussi, différents minéraux que Charles considérait d’un air pensif sur un âtre ; au côté droit de l’appartement, brûlaient, épars çà et là, quelques morceaux de charbon de terre. Près de l’âtre, sur une table, un mauvais encrier, quelques morceaux de papier et un livre ouvert absorbaient une partie de l’attention de l’Alchimiste moderne ; ce livre était : les ouvrages d’Albert le Petit.

L’homme dont nous parlons était d’une taille médiocre ; son vêtement, celui des cultivateurs du pays ; son teint livide et pâle, ses cheveux noirs et épars qui couvraient un beau front, son œil brun, presqu’éteint dans son orbite creux, tout son physique annonçait un homme affaibli par la misère et les veilles. Il rassembla les charbons, les souffla et y posa un creuset contenant différents métaux ; et s’étant couvert la bouche d’un mouchoir, il se mit à l’ouvrage. Après un travail opiniâtre qui dura près de trois heures, il s’assit presqu’épuisé et contemplant la composition nouvelle qui se trouvait devant lui, il se dit à lui-même : travail ingrat ! Faut-il enfin que je t’abandonne ? Ne me reste-t-il plus d’espoir ? J’ai