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Lorsque le vieillard eut terminé sa chanson, tous ses hôtes burent à sa santé. Il commençait à être tard et les jeunes filles désiraient beaucoup commencer la danse ; mais aucune d’elles ne savaient comment s’y prendre pour faire sortir les hommes de tables. Une des petites filles du bon homme, s’en chargea : — Grand-papa, dit-elle, veux-tu que je te chante une chanson, aussi, moi ?

— Sans doute, ma p’tite Élise ; voyons voir, ce que tu vas nous chanter. Elle commença aussitôt le bon curé de Béranger, et arrivé à ce couplet :

Et le soir, lorsque dans la plaine
Le hasard vous rassemblera,
Dansez gaîment sous un vieux chêne,
Et le bon Dieu vous bénira.

— N’est-ce pas, grand-papa, dit-elle, qu’on peut en faire autant ; c’est l’bon curé qui l’dit.

— Oui, oui, mes enfans. Dites, vous autres les voisins, que ça n’a pas d’esprit c’t enfant-là. Viens m’embrasser, Élize.

Aussitôt que les jeunes gens furent retirés dans l’appartement voisin, pour se livrer à la danse, ceux qui restaient des convives s’approchèrent de la cheminée et une conversation animée s’engagea entre eux.