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— Elle a raison, se dit-il, tout bas : Y parviendrai-je ?

— Oui ; si vous avez du cœur, de l’énergie et de la force.

— S’il ne faut que cela, ; mon coup est sûr. Tenez, voilà pour vos peines, dit-il, en lui donnant une pièce de monnaie. Je vous remercie ; adieu. Elle est sorcière, pensa-t-il, et il reprit sa route.

— Du courage, de la force et de l’énergie, dit le héros, se parlant à lui-même, si vous en avez ? m’a-t-elle dit, — si j’en ai ! Les ombres des cinq cents sauvages massacrés près de la grande caverne du Cap au Corbeau, pourront aller lui dire bientôt si j’en manque.

Amand hâta le pas afin de se rendre à un joli bosquet, situé à une lieue de là, près d’une petite rivière, où il se proposait de se reposer quelques instans. Il était près de huit heures et demie lorsqu’il y parvint ; il prit deux ou trois morceaux de planches, étendus çà et là, aux environs d’un vieux moulin à scie, s’en fit un siège et s’étant jeté sur le côté, il tira de la poche de son gilet un morceau de pain qu’il se mit à manger, de bon appétit. Lorsqu’il fut remis de sa fatigue il continua sa route aussi vîte que les chemins le lui permirent dans le dessein d’arriver, avant le soleil couchant, chez un de ses oncles qui demeurait à St. Thomas, à sept lieues de là. Il pouvait-être sept heures du soir, lorsqu’il aperçut la fumée du toit hospitalier de Joseph Amand ; cette vue