voulu que quelques unes, douces, aimantes, vrais météores dans la création, parussent parmi nous. Dans leur enfance c’était un plaisir de les entendre, de les voir, de les aimer : elles étaient pures, naïves et riantes : Mais la société les a bientôt flétries. Elles ont couvert d’un voile leur âme pure ; leur naïveté s’est changée en déception, leur sourire est devenu trompeur : suivant les idées d’une mère expérimentée, elles sont devenues marchandes de sentiment, elles ont appris à les prodiguer à ceux qui ont de l’or : — on leur a dit que c’était le bonheur. Loin d’entourer leur enfance d’idées riantes, on a tapissé leur berceau de peintures de famine. Avant qu’elles connussent l’amour, on leur a parlé de femmes malheureuses, entourées des enfans de la misère, baptisés dans les larmes :
Cherchant, de porte en porte, un refuge contre le froid, la faim et pleurant une union qui n’avait eu pour fondement que l’affection. Pourquoi, mères barbares, ne leur avez-vous pas dit : que la plupart de ces couples infortunés n’étaient tombés dans un état aussi désolant que par suite de leurs défauts ? Pourquoi ne leur avez-vous pas dit : cette femme est malheureuse parce-qu’elle a épousé un homme dissolu ? Non, le mot d’or a trop d’attrait à vos oreilles, il fallait inventer un mensonge pour pouvoir en parler de ce métal chéri. Cette femme, avez-vous dit, est une mendiante parcequ’elle