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crés à la pénitence par vos préceptes maudits ; d’ailleurs cette jeune fille s’est donnée à moi, et le sang qui a coulé de sa main, est le sceau qui me l’attache pour toujours.

— Retire-toi, Satan, s’écria le Curé, en lui frappant le visage de son étole, et en prononçant des mots latins que personne ne put comprendre. Le diable disparut aussitôt avec un bruit épouvantable et laissant une odeur de soufre qui pensa suffoquer l’assemblée. Le bon curé, s’agenouillant alors, prononça une fervente prière en tenant toujours la malheureuse Rose, qui avait perdu connaissance, collée sur son sein, et tous y répondirent par de nouveaux soupirs et par des gémissements.

— Où est-il ? où est-il ? s’écria la pauvre fille, en recouvrant l’usage de ses sens — Il est disparu, s’écria-t-on de toutes parts. Oh mon père ! mon père ! ne m’abandonnez pas ! s’écria Rose, en se traînant aux pieds de son vénérable pasteur, — emmenez-moi, avec vous… Vous seul pouvez me protéger… je me suis donnée à lui… Je crains toujours qu’il ne revienne… un couvent ! un couvent ! — Eh bien, pauvre brebis égarée, et maintenant repentante, lui dit le vénérable pasteur, venez chez moi, je veillerai sur vous, je vous entourerai de saintes reliques, et si votre vocation est sincère, comme je n’en doute pas après cette terrible épreuve, vous renoncerez à ce monde qui vous a été si funeste. —