Page:Aubert de Gaspé - L'influence d'un livre, 1837.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

— Nous venons de dehors examiner le cheval de ce Monsieur ; croiriez-vous que toute la neige est fondue autour de lui, et que ses pieds portent sur la terre. ? Latulipe vérifia ce rapport et parut d’autant plus saisi d’épouvante, qu’ayant remarqué, tout-à-coup, la pâleur de sa fille auparavant, il avait obtenu d’elle un demi aveu de ce qui s’était passé entre elle et l’inconnu. La consternation se répandit bien vite dans le bal, on chuchotait et les prières seules de Latulipe empêchaient les convives de se retirer.

L’étranger, paraissant indifférent à tout ce qui se passait autour de lui, continuait ses galanteries auprès de Rose, et lui disait en riant, et tout en lui présentant un superbe collier en perles et en or : Ôtez votre collier de verre, belle Rose, et acceptez, pour l’amour de moi, ce collier de vraies perles — Or, à ce collier de verre, pendait une petite croix et la pauvre fille refusait de l’ôter.

Cependant une autre scène se passait au presbytère de la paroisse où le vieux curé, agenouillé depuis neuf-heures du soir ne cessait d’invoquer Dieu : le priant de pardonner les péchés que commettaient ses paroissiens dans cette nuit de désordre : le Mardi-gras — Le saint vieillard s’était endormi, en priant avec ferveur, et était enseveli, depuis une heure, dans un profond sommeil, lorsque s’éveillant tout-à-coup, il courut à son domestique, en lui criant : Ambroise, mon cher Ambroise lève-toi, et attèle vite ma jument —