Page:Aubert de Gaspé - L'influence d'un livre, 1837.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20

CHAPITRE TROISIÈME.


le meurtre.



Et c’est le meurtre qui vient, froidement médité,
Flairer ta gorge nue et t’ouvrir le côté.
(Bertaud.)


Murder, most foul.
(Shakespeare.)


Je conçois bien que l’espagnol vindicatif attende son ennemi au détour sombre d’une forêt et lui plonge son poignard dans le cœur ; que le Corse sauvage attende sur le haut d’un ravin l’objet de sa vendette, et, d’un coup de sa carabine l’étende à ses pieds ; que l’impétueuse italienne porte un stylet à sa jarretière et perce le sein d’un amant infidèle ; il y a quelque chose de grandiose dans leur action ; le premier appelle sa vengeance « le plaisir des Dieux, » et dit avec le poète anglais que « c’est une vertu. » Le second a une dette sacrée à payer : son père peut-être la lui a laissée ! La troisième a son excuse dans la passion la plus puissante du cœur humain ! l’amour, source de tant d’erreurs. Elle ne conçoit pas qu’on puisse aimer et supporter de l’indifférence ; elle veut que le jeune Anglais,