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trouvé en commençant cette histoire, et où il mourra probablement ; car, voyez-vous, son âme à lui, c’est dans ce foyer. Ne l’accusez pas de folie, au moins dans cela, car le foyer, c’est le royaume des illusions, c’est la source des rêves de bonheur. Vous tous, nés au sein de l’aisance, ne faites-vous pas consister une partie des délices de la vie à être couchés près d’un feu pétillant, en vous reposant, de ce que vous appelez, les fatigues de la journée. N’est-ce pas parmi ces brasiers, aux images fantastiques, que votre imagination cherche une autre existence qui puisse vous dédommager d’un monde où vous ne trouvez que des intérêts plus vils les uns que les autres, et qui s’entrechoquent sans cesse ? N’est-ce pas près du foyer que la jeune Canadienne, que l’éducation n’a pas encore perfectionnée, se demande si parmi cette foule d’hommes élégans qui l’entourent, elle ne trouvera pas une âme poétique, dont les cordes vibrent à l’unisson de la sienne ? Enfin, n’est-ce pas le temple du souvenir ? Eh ! bien, lui, s’il n’a pas une de ces magnifiques grilles qui décorent nos salons ennuyeux, il peut néanmoins savourer la même jouissance ; car c’est en contemplant un métal brillant qui reluit au fond d’un creuset, entouré de quelques petits charbons ardens, qu’il cherche à jeter dans l’oubli toute l’amertume de l’existence ; pour me servir de l’idée du poète anglais, c’est ce qui le fait ramper entre le ciel et la terre.

Amand se livra donc entièrement à l’étude des