Page:Aubert de Gaspé - L'influence d'un livre, 1837.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.
114

mariage, si Amélie avait suivi ce système ; car St. Céran n’aimait pas les coquettes.

Le lendemain de son entrevue avec Dimitry, St. Céran écrivait la lettre suivante à son amante :


Ma chère Amélie,

Le tems est enfin venu de te rappeler tes promesses, et de tenir les miennes. Tu dois être à moi, tu me l’as juré, et je réclame ton serment. Ton père est peut-être mort ; rien ne t’empêche de faire mon bonheur, et je pense que s’il vivait, il ne me refuserait pas ta main maintenant. Mais peu importe, je serai près de toi dans quelques jours ; ainsi sois préparée à me suivre ; je repartirai la même nuit de mon arrivée, car je ne veux pas que l’on sache que je suis à St. Jean. Trouve-toi vers minuit, le 18 courant, dans le bocage d’érable situé au bas de la côte du domaine ; je ne me ferai pas attendre. Adieu, mon amie.

Ton amant jusqu’à la mort
De St. CERAN.


Trois jours après, il reçut la réponse suivante :

Mon Eugène, tout est découvert ! mon père est arrivé depuis deux jours. J’ai reçu ta lettre devant lui, il m’a ordonné de la lui montrer, et j’ai été obligée de le faire ; il l’a lue sans rien dire : puis, il s’est mis à sourire, de cette manière que tu sais, — j’allais dire de cette manière qui fait mal, mais tu me l’as défendu. — Puis il est parti, et je ne l’ai pas revu depuis. Je suis persuadée