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Oui, il est bien embarrassé, et il cherche des poses.

Tu te trompes il est dans un état de colère concentrée tout le temps ; il croit que tout le monde l’observe et le critique, il voudrait pouvoir leur demander explication à tous ; mais il sent qu’il aurait trop à faire, ainsi il se contente de désirer que ce soit bientôt fini, et quoi qu’il soit loin d’être à l’aise, il reste. Au contraire, lorsqu’il est dans la rue, il croit que tous les passants l’admirent. Vois-tu, c’est qu’alors il est dans son élément, il y est accoutumé, il a de l’aplomb, et il est satisfait de lui-même. Si tu n’éprouves pas sa gêne dans le premier cas, tu as son orgueil dans le second ; tu sais que tu ne manques pas d’esprit, tu t’es dit : un présent et un joli billet, cela doit faire une impression. Cela était nouveau pour toi ; mais elle est blasée sur les présents et les jolis billets ; voilà toute la différence.

— Je vois que je ne suis qu’un sot.

— Finis donc, malin ; dis donc plutôt, que tu manques de pratique ; car un sot, vois-tu, c’est généralement un homme de monde. La raison en est bien simple. Il n’a rien autre chose dans la tête, et comme tu dis, il passe son temps à chercher des poses, — des idées c’est trop fatigant ; or, vu que similis simili gaudet, il n’est pas surprenant qu’une femme de société soit toute étonnée qu’on lui parle raison ; cela l’ennui, et elle va répondre oui à celui qui, après s’être regardé dans une glace, et avoir arrangé sa cravate,