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ans, ne songe pas à abdiquer comme le faisaient ses ancêtres. Le Japon est encore gouverné par les Genrô (vétérans), les Ito, les Yamagata, des hommes âgés, et le marquis Ito, au lieu de se retirer comme les shogûns d’autrefois, vient d’accepter le gouvernement de la Corée. Les jeunes ne sont pas contents, la tradition est changée, ils protestent. La guerre contre le Russe fut imposée aux vieux du gouvernement qui résistaient, par les jeunes des Universités, et la révolte après la conclusion de la paix fut en partie une protestation contre les conditions qu’avaient acceptées les Genrô, Ito surtout.

« Le gouvernement combat l’habitude de l’inkyo : ce n’est pas une habitude européenne. Puis dans la lutte internationale, politique et économique que le Japon engage, la flânerie, le repos ne sont plus de mise comme dans le vieux Japon fermé. Le luxe de se retirer jeune des affaires pouvait subsister dans un pays qui s’était retiré lui-même des affaires. C’en est fini maintenant du Japon vivant dans la retraite, et par conséquent aussi des temples, des jardins, enclos silencieux du passé, et des retraites paisibles qu’on y faisait. De la nation, il faut tirer le maximum de rendement. La guerre a multiplié les charges, diminué les jeunes. Les vieux doivent continuer de marcher. La nation est trop engagée dans les affaires mondiales pour que, lâchant les affaires publiques ou privées, des hommes de quarante ans puissent se retirer du monde. »


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