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titude n’était pas à craindre ni leurs reproches en cas de vieillesse prolongée ; la coutume Hindou de l’inkyo put d’autant mieux se généraliser dans toutes les classes au Japon que l’idée chinoise de la famille si implantée dans les mœurs imposait aux jeunes obéissance et respect envers les vieux. Avoir le loisir vers la quarantaine de pratiquer les cérémonies de thé, de bibeloter, collectionner, versifier, dessiner fut pendant des siècles le rêve de tout Japonais qu’il fût noble, guerrier, bonze, marchand ou paysan.

Voyez ce gentilhomme du temps jadis : « un tableau ancien pendait au mur de sa chambre et, durant la saison, quelques fleurs étaient placées dans un vase. Il passait des journées à les contempler. Il peignait en blanc et noir, n’aimant pas les couleurs[1]… » Encore aujourd’hui, les campagnards occupent les loisirs que leur laisse la vie des champs à dessiner. Au XVIIe siècle, le poète Bashô, un jour qu’il traversait un district de campagne fort reculé, rencontra dans un village un groupe d’hommes installés en plein air avec du saké et des victuailles, qui se réjouissaient au clair de lune à composer des poésies de dix-sept syllabes. Invité à joindre la compagnie, au premier hakkai qu’il composa, il fut reconnu, fêté par ces campagnards comme un homme « dont le nom odoriférant est connu du monde entier ».

  1. Hakouséki, érudit du XVIIe siècle cité par Aston, Littérature japonaise.