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national est dès lors formé, et c’est alors le vrai Japon, le Japon original, émancipé de la tradition chinoise, avec son amour de la nature, de la nature japonaise, le Japon des poésies de dix-sept syllabes, des hakkai, à qui Bashô, bouddhiste de la secte Zen par une influence analogue à celle de Sen-no-Rikyû sur les cérémonies de thé redonne une portée sérieuse et morale, le Japon des jardins, création la plus caractéristique de l’esthétique nationale, faite spécialement pour des hommes qui avaient quitté la vie active.

C’est donc toujours l’habitude bouddhique venue de l’Inde, mais tempérée par le climat, adoucie par le caractère japonais que l’on retrouve comme condition de la vie et de l’art pendant ces derniers siècles.

Les mikados étaient souvent contraints d’abdiquer et les chefs de maisons nobles les imitaient. Puis toutes les classes adoptèrent la mode de se démettre vers quarante ans des affaires, publiques ou privées. Cette coutume en se généralisant se laïcisa ; le renoncement au monde ne consistait même plus à se retirer dans un couvent, mais à se retirer des affaires à l’abri des tracas, comme rentier, à vivre chez ses enfants. On leur donnait ses biens, on vivait de leurs générosités, on continuait de les conseiller, de les diriger, avec la certitude d’être écouté. Leur ingra-