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ment esthétique, nuancé de préoccupations religieuses, a respecté ce canon simple et austère. Il fut le divertissement japonais par excellence : pratiqué par tout le monde, il sut concilier la méditation bouddhique et l’acétisme samuraï, avec l’esthétisme de la race entière.

Dans toutes les classes sociales, cette cérémonie qui, à cause de sa simplicité, pouvait être goûtée selon les mêmes rites, contribua à développer l’habitude de se contenter de peu, de se montrer simple, sociable, aimable et modéré. En art, les Japonais prirent la haine de la surcharge, le goût de la sobriété, de la pureté, de la brièveté qui suggère plus qu’elle n’exprime. Le style du pavillon ou de la chambre qui servaient de cadre à la cérémonie, l’esthétique du jardin sur lequel la vue se reposait, la composition du bouquet, la manière du kakémono déroulé dans l’alcôve, la forme du vase de bronze et des instruments de la cérémonie, du pot pour conserver le thé en poudre, du brûle-encens, des vieux bols pour boire, tout cela fut déterminé, précisé, pour plusieurs siècles, par ces assemblées de moines et de nobles.

C’est vraiment dans ces jardins de Kyôto et dans ces grands temples de la secte Zen que le goût japonais fut défini, codifié par une élite d’inkyo ; de proche en proche il s’imposa au reste de la nation, trouvant dans toutes les classes un égal respect de cette habitude de devenir inkyo : à tous, les traditions transmises convenaient naturellement. Un goût organique