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par exemple, en fixant très longtemps un objet, et on leur préféra les divertissements esthétiques ; la croyance Zen fut tolérante et avenante : dans un demi-isolement, on essayait de méditer.

Comme la règle de cette secte bouddhique avait des points communs avec le Bushi-do, la règle de vie des guerriers japonais, elle sut réconcilier bonzes et samuraïs. L’une et l’autre recommandaient un certain dédain de la vie, une manière d’ascétisme, l’habitude de la retraite, l’effort pour dresser la volonté, toutes pratiques pouvant entraîner au danger et à la mort.

Le divertissement favori était la cérémonie de thé. D’origine religieuse, elle fut toujours spécialement pratiquée par les adeptes de la secte Zen. Quand, vers la fin du XVe siècle, Shukô, le moine bouddhiste, favori du shôgun Yoshimasa, devenu inkyo, décréta quelques-uns des rites de ces cérémonies, observés depuis par tous, il eut l’idée qu’elles offraient un moyen d’insinuer des habitudes d’esprit, qui ressemblaient à la méditation religieuse, de donner aussi le goût de certaines vertus : pureté, courtoisie, fermeté. Puis après deux siècles, pendant lesquels les cérémonies de thé pratiquées par les hautes classes, développées par Nobunaga et Hideyoshi, étaient devenues des prétextes à réunions luxueuses, Sen-no-Rikyû profita de l’appauvrissement de la contrée, après les guerres nationales de la fin du XVIe siècle, pour prêcher la simplicité, et pour établir un code strict d’étiquette. Depuis cette époque, ce divertisse-