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sur un étang, de s’asseoir sous un arbre pour s’abriter des averses, de mendier sa nourriture ; il ne pouvait s’accommoder que d’une parfaite sobriété et simplicité. Sa vie était vraiment celle du moine hindou, mais teintée d’esthétisme.

Quand dès le XIVe siècle, et surtout au XVIIe siècle, de hauts personnages, des nobles se retirèrent près de Kyôto dans des temples et des palais pour trouver le calme, le loisir au milieu de gens de goût, eux aussi prétendaient en bouddhistes rompre avec le monde. Presque tous, ils étaient partisans de la secte bouddhiste Zen et vivaient dans les sanctuaires de cette secte. Mais « la philosophie ou la religion Zen est un système qui adoucit le Bouddhisme primitif par de sages concessions au sens commun, aux besoins et limites de la vie commune ; on y échange l’ascétisme corporel pour une sorte de détachement mental qui ne répugne pas aux relations sociales, et, tout en reconnaissant l’essentielle vanité de tout ce qu’on poursuit sur terre, on met en bonne place, dans sa vie, quelques occupations qui tentent le plus fortement l’esprit cultivé, principalement les branches variées de l’art, parce que l’on peut en user comme de moyens pour passer à des sphères encore plus hautes de pensée et de conduite[1]. » Le mot Zen est une contraction du mot sanscrit dhyâna « contemplation » ; mais bien vite, au Japon, on cessa de rechercher ces états d’inconscience que l’on atteint,

  1. Chamberlain, loc. cit., p. 201.