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rasse point de métaphysique, de grands jugements radicaux sur la nature, sur la vie ; on n’est point hanté de perfection impossible ; on ignore l’ascétisme. Commodément, on tâche d’arriver au repos, au détachement plus esthétique que moral. Les petites maisons de bois et de papier — frêles suggestions de maisons — où l’on se réunit pour les cérémonies de thé, et les jardins que l’on regarde et que l’on parcourt à divers moments réglés de la cérémonie, symboles d’abstraction ou esquisses de paysages, conviennent bien à des hommes vivant dans un monde d’impressions et d’abstractions, plutôt que de réalités et de faits.

Dès les premiers temps de la propagation du Bouddhisme au Japon, vers la fin du VIIIe siècle, et lors du grand mouvement de prédication populaire au XIIIe siècle, les apôtres, comme Kôbô Daishi et plus tard comme Hônen, Shinran, Nichiren, parcouraient le pays, errant en vrais moines bouddhistes. Ils fondèrent des monastères dans la solitude, en pleine forêt des montagnes du Yamato comme à Koya, ou à Minobu près du Fuji. Dans le Yamato, on trouve encore des ermites vivant sur des sommets. Au XVIIe siècle, le moine-poète Bashô parcourait le Japon suivi de ses disciples, mêlant toujours à ses préceptes poétiques des sermons moraux. Un jour à Kanazawa, dans le nord, il refusa d’assister à une fête que la société littéraire de l’endroit avait préparée en son honneur, parce qu’elle était trop luxueuse. Il avait coutume, dit-il, de faire sa sieste