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l’empire, lieux de retraite aménagés et dessinés près de la ville, à la fin du XIVe et du XVe, et au XVIIe siècle, pour les shôguns Yoshimitsu et Yoshimasa de la famille Ashikaga et autres nobles qui, la tête rasée, vêtus de la robe bouddhique, quittaient le monde et devenaient inkyo.

Le lac, duveté de mousse, est encombré de feuilles de lotus ; entre des fleurs jaunes, tortues, poissons rouges, carpes vaseuses passent, et par moments, avec des claquements secs de queue et des glissements mous d’écaillés, hors de l’eau dont les grands cercles s’étalent, de leurs yeux ronds, de leurs gueules rondes, se battent pour attraper de petits ballons de sucre rose. Des îlots rocailleux pèsent sur l’onde, ventrus ou effilés comme des nefs, et, quand la brise souffle dans leur grément de pins, ils paraissent voguer sur le lac, évocation de Matsushima ou de la mer Intérieure.

Basse, une longue lagune sablonneuse, qui s’étire jalonnée de pierres et de pins, esquisse la presqu’île fameuse d’Amano Hashidate. Rivières et ruisselets ; grosses pierres qui sertissent les rives ou qui servent à franchir les ruisseaux ; ponts de bambous arqués ; bouquets de houx ou de buis taillés, pins en massifs, pins isolés, tordus ou penchés, tout cela est bosselé, contourné, tourmenté. Et sur la mousse blonde des talus, au-dessus des arbres nains, les gros arbres, qui étalent leurs racines, ressemblent à de hauts daïmyos accroupis sur des nattes, dans les cassures raides de leurs robes à plis.