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grotte de la montagne, je veux baigner mon corps, et je veux marcher seul. Seul, sans compagnon, en la forêt vaste et charmante, quand aurai-je atteint mon but ? Quand serai-je libre de péchés ? » — « Quand au ciel les nuages d’orage battent le tambour, quand les torrents de pluie emplissent les chemins de l’air et que le moine dans un creux de montagne s’abandonne à la méditation, non, il ne peut y avoir de joie plus haute. Sur le bord des rivières parées de fleurs et que couronne la guirlande diaprée des forêts, il est assis, joyeux, plongé dans la méditation : il ne peut y avoir de joie plus haute[1]. »

C’est de tels hymnes à la solitude que clamaient dans l’Inde, le brahme vêtu de blanc et le moine bouddhiste drapé de voiles jaunes, devenus inkyo, — hymnes d’adoration naturaliste pour la forêt, au bord du Gange, fleuve sacré, ou pour la jungle qui borde les dernières pentes de l’Himalaya, séjour des dieux. L’ascète Gôtama, comme les brahmes qui l’avaient précédé, quitta sa famille et sa maison pour mener la vie nomade du religieux mendiant. L’idéal religieux de l’Inde n’a pas changé, et le renoncement au monde y apparaît toujours comme la seule voie du salut.

Kinkakuji, Ginkakuji, Katsura, jardins célèbres de Kyôto, évocations des paysages les plus aimés de

  1. Oldenberg, p. 310.