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malgré la volonté de ses père et mère, malgré les larmes qu’ils versaient et répandaient, s’est fait raser les cheveux et la barbe, a pris des vêtements jaunes et a quitté sa maison pour mener une vie errante[1]. » Peu de temps après, sous l’arbre de la science, il devient Bouddha.

Pour quêter sa subsistance, le moine doit entrer dans les maisons, « silencieux comme la lune, tenant en bride corps et esprit ». Il n’habite pas la ville, il va dans la forêt chercher la solitude. « Quand donc habiterai-je dans une grotte de montagne, seul, sans compagnons, avec l’intuition de l’instabilité de toute existence ?… » — « Les lieux qui réjouissent le cœur, que des buissons de kareris couronnent, ces lieux charmants où s’élève la voix des éléphants, les rochers me remplissent d’aise… Là où bruit la pluie, les lieux charmants, les montagnes, où errent les sages, où résonne le cri du paon, les rochers me remplissent d’aise[2]… »

— « Quand devant moi, quand derrière moi, mon regard n’aperçoit plus personne, certes il est doux de demeurer seul en la forêt. Allons ! je veux m’en aller dans la solitude, dans la forêt que loue le Bouddha : c’est là qu’il fait bon être pour le moine solitaire qui aspire à la perfection. Seul, sûr de mon but, en hâte je veux entrer en la forêt charmante, délices des pieux lutteurs, séjour des ardents éléphants. Dans la forêt Sîta, la fleurie, dans une fraîche

  1. Oldenberg, p. 108.
  2. Id., p. 360.