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parvenus capables. Hideyoshi et Ieyasu, les deux lieutenants de Nobunaga qui, pendant un demi-siècle, gouvernèrent le Japon, étaient des parvenus. Entre les gens de peu et les nobles, au Japon comme en Italie, le talent imposait une certaine égalité. Le raffinement des goûts aussi. Pour pratiquer les cérémonies de thé, Yoshimasa, après avoir abdiqué sa charge de shôgun, avait comme favoris deux moines, Shukô et Shinuô, et, dans l’automne de 1587, quand Hideyoshi convoqua pour une grande cérémonie de thé tous les amateurs de l’empire, des marchands et des paysans étaient réunis avec des nobles.

Au surplus, chez tous, par-dessus toutes les autres occupations, se développa l’idée de la dignité de l’étude ; il se forma une société qui éprouvait le besoin de cultiver son intelligence, qui en avait le temps et les moyens. Le shôgun comme le tyran encourageait ce goût des arts : il y voyait une garantie de vie paisible, une occasion de rehausser son règne personnel. Un grand besoin de sociabilité se développa, et aussi, avec le désir amoral de jouir de l’existence, le goût des fêtes. De 1688 à 1704, pendant la période dite genroku, l’activité artistique fut intense. C’était l’époque des beaux laques, des faïences de Kutani ; Kôrin décorait, Moronobu[1] dessinait.

  1. Vers la fin de sa vie, il devint inkyo, se fit raser la tête et prit le nom de Yuchiku.