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Ils paraissent contempler parmi les paysages chinois ou les paysages classiques japonais, pendus au mur opposé, l’œuvre d’un artiste de la dynastie Sung, une chute d’eau : au premier plan, un rocher et une petite touffe de fleurs dominant l’abîme ; entre deux brouillards montant des rapides et du ravin, la masse d’eau qui vient on ne sait d’où, qui tombe on ne sait où, épaisse, lisse, luisante, emportée d’un glissement vertigineux. Et l’on a l’impression d’une forme éternelle ; la même chute d’eau avec la même courbe, composée pourtant de milliards de molécules toujours différentes.

C’est dans ces temples que l’art classique du Japon, bouddhique et chinois, s’est surtout développé. Les artistes de l’école Tosa et de l’école Kanô y peignirent leurs fusumas et leurs paravents les plus rares. Au Tofukuji, travaillait le fameux Cho Densu ; au Daitokuji, vivait l’esthète Kobori Enshu, qui au XVe siècle dessina les plus beaux jardins de Kyôto, et fut un des plus célèbres amateurs des cérémonies de thé. Il y est enterré, lui et les siens, et les amateurs des cérémonies de thé, les cha-gin, viennent faire des pèlerinages sur sa tombe, où ils entendent encore, dit-on, l’eau bouillir ; les jardins, les ponts, les arbres, les appartements du temple portent la marque de son goût affiné. Au Myôshinji étudia, en adepte