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tre pavillon s’appelle le Violet-Pourpre, Mura saki, — nous dit un bonze, — parce que, matin et soir, les vallées que l’on voit s’insérer là-bas, dans l’épaisseur de la chaîne, deviennent violettes. »

Voici déroulées des images chinoises ou japonaises de Bouddha : Bouddha en robe verte, en manteau rouge, trônant sur un lotus bleu, les yeux mi-clos, les paupières aux pointes retroussées ; Bouddha aux ongles longs, prêchant, la main droite levée, la gauche baissée, le pouce précieusement appliqué contre l’index ; Bouddha entouré de Bodhisattvas, divinités aux couleurs claires, qui n’ont plus à subir qu’une renaissance avant d’atteindre à la parfaite béatitude ; Bouddha mort, entrant dans le Nirvana, le Nehanno Shaka, scène partout reproduite chez les cinq cent millions de bouddhistes : il est là, couché sur son côté droit, entouré des disciples, des fidèles, des bêtes, des arbres, de la nature entière qui se lamente.

À côté de l’image du Maître, des portraits de saints et de bonzes sont exposés ; crânes rasés, oreilles au lobe allongé, visages osseux au teint de cire, cous maigres où la pomme d’Adam saille ; leurs kimonos jaunes et leurs manteaux grenat tombent à longs plis sur les estrades basses où ils sont accroupis ; ils tiennent parfois la roue bouddhique dans leurs mains grasses d’hommes d’église ; de leurs yeux calmes, ils vous fixent. En ces temples silencieux, retraites pour tant d’hommes qui renoncèrent au monde, ces yeux du Maître et des disciples disent la joie que donne « la cessation du périssable ».