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étais de bambous et allongent vers le sol, au-dessus d’araucarias vivaces et de camélias en fleurs, leurs longues branches inquiètes et tâtonnantes comme des bras d’aveugles.

De quel mystère s’enveloppent ces coins du passé enfouis derrière des murs et des arbres ! À franchir les enceintes du monastère, casiers qui s’emboîtent, séparés par des rideaux de bambous, de pins toujours verts, d’érables et de cerisiers aux teintes changeantes, c’est le même plaisir qu’à tirer et à dérouler un bibelot ancien hors de ses boîtes et de ses soies.

Au Daitokuji, où nous allons voir les fameux kakémonos, que l’on sort des boîtes une ou deux fois l’an, la vue des appartements est délicieuse ; dans la lumière, les bonzes vêtus de surplis blancs, le crâne rasé, glissent sans bruit le long des fusumas dorés, ou sont affairés à rouler, à dérouler, à brosser, à pendre les précieux kakémonos. Accroupi devant un pupitre bas, l’un d’eux peint de hautes lettres chinoises — tel jadis nos moines enlumineurs. On songe aux intérieurs des monastères que représentent nos miniatures, au temps où les trésors d’art y étaient déposés. C’est le calme du cloître. Les chambres dont on a tiré les cloisons mobiles de papier, pleines d’air et de clarté, ouvrent directement sur une petite cour close ; un puits, un pin, un oiseau qui chante ; par-dessus le mur bas, se découvrent des plaines, les terres du temple où s’agitent très loin des chapeaux de paille courbés sur les rizières ; au fond, une chaîne de montagnes limite la vue. « No-