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De hautes portes à deux étages marquent l’entrée des monastères. À travers les bois de bambous, par des cours au sable si blond et si bien ratissé qu’on les croirait couvertes de nattes, on suit de larges avenues dallées ou jalonnées de grosses pierres. C’est une succession de bâtiments vides : temples où sont peints d’énormes dragons, où trônent des Bouddhas ; halls consacrés aux fondateurs ; bibliothèques tournantes, contenant une collection complète des Écritures bouddhiques, des milliers de Sutras, et qu’il suffit de faire tourner trois fois sur leur axe grinçant, pour gagner les mêmes indulgences qu’à les lire ; puis des monuments pour les cloches et les tambours : des appartements habités jadis par des nobles et des empereurs devenus inkyo ; enfin trente ou quarante bâtiments qu’emplissaient autrefois les bonzes.

Chaque demeure de l’énorme monastère silencieux est un petit domaine secret, caché au regard, clos par une belle porte sculptée. Les appartements somptueux ouvrent sur des jardins du plus pur style japonais. Depuis des siècles, des bonzes, accroupis dans la même pose, contemplent les mêmes rocailles, les mêmes formes d’arbres et les aiguilles noires appliquées sur le ciel vert. Dans la chaleur de ces enclos si calmes, des pins parfois aussi vieux que le temple, vieux de plusieurs siècles, plient sur leurs