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au pied des montagnes, dans les arbres, marquant encore les limites de cette Kyôto du moyen âge, deux ou trois fois plus peuplée qu’aujourd’hui, les grands monastères bouddhiques de la secte Zen, Tofukuji, Nanzenji, Daitokuji, Kinkakuji, Sokokuji, Myôshinji, tressent une ceinture trop large pour la capitale maigrie.

Pour gagner ces monastères dans la campagne, nous traversons la ville. Au sortir de ces enclos aristocratiques et glacés, la vie populaire monte vers nous en murmures. Charme de Kyôto que cette alternance de visions archaïques et de visions familières ! Dans les temples de la ville, l’animation est grande : femmes et enfants montent et descendent les marches, leurs getas à la main, ou rôdent autour des petites boutiques pleines de bibelots, de jouets, de reliques, et près des auberges en plein vent.

Au temple de Tôji, c’est le festival mensuel, une foire dans l’enceinte, comme un pardon japonais. Nous songeons à ces marchés normands où les campagnards sur le parvis ont une oreille pour la messe et l’autre pour leurs affaires. On vend de tout, kimonos, getas, serviettes, mouchoirs, allumettes, — les innombrables marques d’allumettes que les Japonais exportent dans tout l’Extrême-Orient. Des camelots ont le débit rapide, le bagout de tous les camelots du monde. Recroquevillés dans leurs pots, des arbres nains, comme tordus par les rhumatismes, ressemblent à des impotents dans des fauteuils, trop larges.