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peinte : les nobles admis dans la salle, les nobles sur les marches et ceux qui s’échelonnent dans la cour, engoncés dans leurs vêtements aux plis raides, coiffés d’un petit chapeau, — véritable parade d’uniformes dans une cour de caserne. De chaque côté de l’escalier, un cerisier et un oranger sauvages, anoblis de vieux titres, montent la faction.

Tout proche est le château Nijô où s’abritait le Shôgun de Tôkyô, quand il venait à Kyôto. Au temps où ce château fut construit par Ieyasu, la mode n’était pas tant aux manières de la vieille Chine, qu’aux arquebuses et aux forteresses des Portugais et Espagnols nouveaux venus. Fossés remplis de lotus, murs cyclopéens portant à leurs angles des guettes, porte boulonnée et cuirassée de ciselures ; par-dessus, ondulés et retroussés, les toits du donjon. Les appartements vides sont tout en harmonies chaudes de vieux ors patines, craquelés, encadres de bois sombres et luisants, où s’appliquent des anneaux, des écussons, des cabochons ciselés, où se nouent les lourds glands de soie rouge. Sur le calme de l’or, des aigles s’ébattent, des tigres grincent, des branches de pins se tordent ; bambous et fleurs de cerisiers ploient ; les cimes des montagnes pointent au-dessus des bandelettes de nuées qui les ceignent. Sans surcharge, une branche ou un oiseau suffit à décorer une grande surface. Les étagères dans les alcôves profilent leurs lignes grêles et pures.

Retraite chinoise du Mikado, retraite féodale du Shôgun, silencieuses au centre de la ville. En dehors,