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vit dans la retraite. À l’âge de quarante ans, début de la vieillesse pour un Japonais, il a résilié sa charge de juge, donné tous ses biens à ses enfants. Il vit de leur générosité et emploie ses loisirs à célébrer des cérémonies de thé avec d’autres amis également inkyo et à réunir des œuvres d’art.

Survivance du vieux Japon, ce vieillard nous apparaît comme une pièce de musée, qui est bien en valeur à Kyôto, la vieille capitale. Par les rués, dans les champs, la vie populaire continue d’y bruire, à l’entour d’enclos silencieux : palais, temples, jardins, coins de ville entrés depuis longtemps dans la retraite. Eux aussi, on les dirait inkyo, volontairement détachés et retirés du monde, mystérieux collectionneurs des bibelots, des manières, des traditions du vieux Japon.

Au milieu des maisons pressées, s’étendent sur une clairière de plus de dix hectares les cours et les bâtiments déserts du palais impérial, inhabité. Dans le vide des grandes salles officielles, solennelles et froides, blasonnées des chrysanthèmes aux seize pétales, l’étiquette chinoise est maîtresse. Voici le trône où, derrière les rideaux clairs, brodés d’oiseaux, le Mikado s’asseyait invisible, et voici le perron qui, sur chacune de ses dix-huit marches, portait chacun des grades officiels. Aux murs, on voit la scène