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selon certaines maximes de Confucius. Suggestions, ces jardins qui symbolisent des idées abstraites, paix, chasteté, vieillesse, ou ce jardin dont parle M. Conder[1] qui exprime l’idée du pouvoir de la vérité divine. Il consiste presque entièrement en pierres arrangées d’une manière irrégulière et fantaisiste, pour rappeler la légende d’un moine qui, montant une colline et ramassant des pierres, commença de leur prêcher la doctrine du Bouddha, et si miraculeux fut l’effet de ces vérités que les pierres respectueuses s’inclinaient en signe d’assentiment.

Les jardins célèbres de Kyôto dépendent de temples bouddhiques, où l’on menait la vie méditative, de palais aussi où se retiraient, après avoir quitté le monde, des princes, des nobles pour y mener une vie de recueillement esthétique en pratiquant tous les arts du Cha-no-yu (cérémonies de thé). Ces jardins, copies des sites célèbres ou symboles d’abstractions, évocations de souvenirs de nature ou de vérités morales, convenaient à ces hommes vivant dans un monde d’impressions et d’abstractions plutôt que de réalités et de faits. C’est dans ces jardins de Kyôto, à partir du XVe siècle, que s’est codifié, sous sa forme raffinée, le goût du paysage qu’ont les Japonais. Goût d’une élite d’abord, puis goût généralisé dans le peuple[2] ;

  1. Cité par Chamberlain, Things Japanese. Art. : Gardens.
  2. Dans son étude « Bashô and the Japanese Epigram » M. Chamberlain note que, dès le moment où le kokku devient une forme poétique (fin du XVe siècle) le goût s’en répand