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inutile de les relier, il suffit de les juxtaposer ; inutile d’exprimer complètement le sentiment qu’elles suggèrent, tout cela est supposé connu, familier. On s’adresse à un public d’amateurs avertis, un peu las, à qui suffisent de brèves indications pour évoquer par un jeu d’associations coutumières la scène entière, l’émotion totale, les légendes, les croyances religieuses, les sites, les personnages célèbres, toute l’histoire. Le pin et le bambou, arbres toujours verts, symbolisent longue vie. On y ajoute la fleur de prunier et cela fait une heureuse triade. On associe le lion et la pivoine, car l’un est le roi des animaux et l’autre la reine des fleurs. Le moineau et le bambou vont ensemble, la fleur de prunier et le rossignol aussi ; le héros populaire Benkei ne va jamais sans sa grosse cloche de bronze[1]. Pour l’artiste, un bambou et un pin sont des parties d’un tout organique, comme pour un écolier les divers jambages qui forment un caractère chinois.

Ils ont une symbolique du paysage analogue à la symbolique de nos cathédrales au moyen âge. Nul ne l’ignore. La nature est comme un grand « miroir » où se reflète leur vie personnelle et aussi la vie de

  1. Cf. Chamberlain, Things Japanese ; art. : Art.