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Au large, sous la brusque averse,
Des voiles de face, des voiles de biais[1] ;

saisons qui passent, grand linceul de neige jeté sur les maisons basses, givre léger et frissonnant qui escalade jusqu’au ciel bleu les pentes boisées, chute silencieuse et embaumée des fleurs blanches de prunier, des fleurs blanches et roses de cerisier, ou, dans l’humidité de l’été, les rizières vertes, les fleurs de lotus roses, et, à la fin de l’automne sec et sonore, les chrysanthèmes et l’embrasement des érables ; silhouettes humaines qui passent, toujours variées et amusantes pour ces yeux sensibles au ridicule gai, amateurs d’esquisses rapidement jetées[2].

Bien appuyées à un fond, bien limitées entre des premiers plans, dans un cadre rigide, — telles un peu les silhouettes de vitrail sur un champ aux tons somptueux, que sertissent des baguettes de plomb, — des impressions fugitives s’insèrent, des souvenirs aussi. Toutes leurs impressions de nature sont bourrées de souvenirs, tout leur art est exécuté de souvenir, — souvenirs de nature chinoise ou d’art chinois, lorsqu’ils passaient la mer pour renouer la

  1. Hokku de Kyorai (XVIIe siècle).
  2. Les Japonais, avec leur sens si exercé de la forme, ont toujours aimé la caricature. Dès le XIIe siècle, un prêtre, Toba Sôjô, fit des dessins célèbres par leur drôlerie.