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Dans le cadre bien tracé, s’inscrit une impression de nature imprévue et fugace, — comme si dans ce champ limité leur impressionnisme se compliquait, s’exaspérait. Lisez un hokku ou une tanka ; la petite poésie de dix-sept ou de trente et une syllabes est presque toujours attaquée par une exclamation… Ah !… Tiens ! De même à regarder une estampe japonaise, on ressent une petite secousse de surprise comme en donnent les visions au sortir d’un rêve, quand on découvre la nature avec des sens frais et neufs ; impressions d’enfant, impressions de voyageur aussi, qui, dans un demi-sommeil, au lever du jour, entrevoit par la vitre du wagon un paysage étrange, tout de suite évanoui…

Nuages qui passent, déployés nonchalamment à l’heure chaude de la sieste, échafaudés en massives architectures au crépuscule ; oiseaux qui passent,

Une bande de mouettes, et un coup de vent
Au large, brisant leur vol qui tournoie… ;

files d’oies sauvages accompagnant, à l’automne, les troupes de pèlerins ; averses qui passent, lumineuses de soleil, de lune ou de lucioles, zébrées d’éclairs et de farouches silhouettes d’arbres ployés ; tempêtes qui passent sur la mer,

Quel remue-ménage !