Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lions, et par la taille des premiers plans dessinés avec leurs volumes exacts — parfois même exagérés[1]. Cette nature japonaise, ainsi perçue et représentée, apparaît alors tout humanisée, toute relative à la position accidentelle d’un œil humain.

Entre les premiers plans bien établis, de valeur sombre, le fond lumineux recule, semble fuir très loin. Les Japonais ont toujours cherché à repousser le motif central, — une vue de mer le plus souvent : la double ligne des côtes, ligne jaune de roches rongées par l’eau salée et les goémons et ligne verte de pins ondulant au-dessus, la mer intensément bleue sous l’horizon, et à la base du ciel la bande rouge, lilas ou orangée du couchant, tandis que de petites voiles carrées fuient innombrables dans le vent… fond crépusculaire lointain, uniforme, pour ces premiers plans si variés. Même art dans la construction d’un jardin japonais : entre de hautes lignes d’arbres, qui limitent la composition sur les côtés, serpente un étang, une rivière qui disparaît derrière un pont ou derrière un rideau de verdure ; la vue s’enfonce, se perd ; on peut rêver d’un fond de jardin mystérieux.

  1. Notre école impressionniste — dans les œuvres, par exemple, de Degas, de Monet, de Toulouse-Lautrec — est en réaction contre l’école classique, parce que précisément sous l’influence des Japonais ils ont insisté sur les premiers plans, et ont tâché de les dessiner avec leur volume réel.