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jardins de Kyôto, ils la regardent glisser derrière les pins,

Pendant les pluies de juin, comme à la dérobée
Une nuit, la lune brille à travers les pins[1].

ou passer entre les nuages.

Oh ! regarder la lune alors que des nuages
De temps en temps reposent les yeux[2].

Oh ! nuages autour de la lune, d’où
En hésitant elle émerge si débonnaire[3].

Il leur faut un nuage, la silhouette noire d’un pin pour poser leur vue ; ils admirent alors le glissement silencieux de la lune.

Au Japon, il est rare d’apercevoir des horizons larges et dégagés ; ce pays de montagnes et de roches est tout en tournants qui encadrent des vallées et des golfes sinueux. La fantaisie inlassable[4] de leurs artistes dans leur manière de couper un paysage, dans leur choix des premiers plans, c’est la nature même qui la crée et sans cesse la renouvelle : pins tordus, découpant, entre leurs troncs, leurs branches et leurs paquets d’aiguilles noires, des coins de mer bleue ou verte ; toits de chaume surmontés d’iris,

  1. Hokku de Ryôta (XVIIIe s.).
  2. Hokku de Bashô (XVIIe s.)
  3. Hokku de Bashô.
  4. Cf., par exemple, le Fuji Hyakkei (100 vues du Fuji) d’Hokusai : le grand volcan apparaît entre des premiers plans toujours variés.