Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tueuses et assourdies de l’automne : pays de terres ocrées, tout doré de rizières, mûres, embrocardé d’érables rougis, enflammé par les lueurs obliques du crépuscule.

L’art japonais rêve de tons harmonisés, comme tissés les uns dans les autres, profondément engagés dans la trame qui leur sert de base. Aussi, comme il sait noter les effets rapides de lumière diffuse ! C’est une nuée qui crève, le paysage instantanément noyé sous l’averse oblique, le ciel frissonnant d’éclairs, ou

La lune sous la pluie,
Et partout, partout diffuse,
Une pâle lumière[1].

ou encore :

Comme l’air est froid !
Et, au travers d’une averse,
L’éclat du soleil couchant.

Par les belles nuits d’été, ils aiment l’éclat des lucioles :

Oh ! des lucioles,
Quelle pluie de feu
Se mêlant à l’averse d’été[2] !

Dans ce pays aux maisons de papier et de bois, où

  1. Hokku d’Etsujin (XVIIIe siècle).
  2. Hokku d’Arakida Moritake (XVe, XVIe siècles). Les Hokku cités sont tirés de l’admirable article de M. B. H. Chamberlain : Bashô and the Japanese Epigram, paru dans les Transactions of the Asiatic Society of Japan, septembre 1902.