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CHAPITRE I
LE PAYSAGE JAPONAIS
Shiogama-No-Matsushima.

C’est un des San-kei, un des trois plus fameux paysages de l’Empire : dès le VIIIe siècle après notre ère, sitôt la conquête du Nord sur les Aïnos, le goût populaire l’a senti plus japonais que tous les autres paysages du Japon.

Nous prenons une barque au petit port de Shiogama, coincé dans la verdure comme un petit port breton sur une rivière d’eau salée où l’on glisse entre des arbres : dans l’air, une bonne odeur de marée et un grand silence où s’étalent en longues ondulations des chants de cigale. On débouche sur un golfe parsemé d’îlots : 808 îles, dit-on ; la dernière, sur le Pacifique, est l’île sainte de Kinkwa-zan habitée seulement par des daims apprivoisés et des prêtres : depuis des siècles, des milliers de pèlerins y viennent prier.

Tous ces îlots hérissent la mer de leurs dents de scie. C’est irrégulier, crispé, imprévu, si varié de forme que chaque roc porte un nom. Et sur ces