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pour changer les mots et les images qu’évoque le péril jaune.

Ce que cette ignorance vient de coûter à l’Europe continentale, on le sait. Quand le Japon rompit les négociations, Français et Allemands ne mirent pas en doute sa témérité ; quand il prouva sa force, les Européens, au lieu de s’accuser d’ignorance, l’accusèrent de dissimulation et de tricherie, pour les avoir si bien trompés. L’Allemagne comme complice de l’ambition russe en Asie, la France comme alliée et prêteuse, ont perdu au désastre russe. La France a manqué d’être impliquée dans le conflit, et, pour remplir ses obligations d’alliance, a dû s’aliéner l’opinion japonaise qui lui avait toujours été favorable.

Seules, avec le Japon, profitent de la guerre deux puissances qui n’ont jamais partagé le préjugé anachronique de l’Europe sur le péril jaune, les États-Unis et l’Angleterre. Pour les États-Unis, j’expliquerai comment les choses de notre Extrême-Orient lui ont toujours été beaucoup plus familières qu’à nous. Dès 1902, l’Angleterre n’a pas hésité à s’allier à une puissance jaune. Grâce à cette claire vision de la force que représentait le Japon en Extrême-Orient,