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moyens de préserver son passé ; maintenant, c’est beaucoup de sa propre substance qu’il devra sacrifier. Pour le Japon lui-même, comme pour l’Extrême-Orient, « Paix Japonaise » signifie changement. À cette situation neuve, il faut que s’adaptent les mœurs d’autrefois, lentement formées pendant deux siècles et demi dans ces îles séparées du monde. La vie s’était alors condensée en quelques habitudes simples, tenaces. Comme en un vase bien clos, elles n’étaient ni contrariées ni compliquées par des influences étrangères. Dans le Japon moderne, grand ouvert aux imitations, et qui se répand hors de ses îles, ces habitudes se dissolvent un peu chaque jour avant de disparaître. Finie, la vie au milieu de paysages familiers : il faudra les quitter, vivre souvent hors du Japon. Finie, la vie fluide et flâneuse le long des routes : la vie intense, régulière, de l’usine commence. Finie, la vie retirée des affaires, que l’on menait après l’âge de quarante ans : il va falloir travailler jusqu’au bout. Quand la nouvelle que Port-Arthur s’était rendu arriva de nuit à Kyôto, les cloches des temples sonnèrent. C’était en la vieille capitale le glas du vieux Japon.