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IV

Cependant que les Hawaï attendent la solution de leurs difficultés de main-d’œuvre et de races, beaucoup de Japonais passent des îles à la côte américaine, transportant avec eux toutes les difficultés que leur premier contact avec les Américains aux Hawaï avait fait naître.

Ce passage, des Hawaï aux États-Unis, est fatal : aucun lien légal ou sentimental ne peut retenir dans les îles une population mobile de coolies excursionnistes. Pour gagner de plus hauts salaires, ils se sont exilés de leur chère terre du Japon : dès que les hortillons, les fermiers de Californie ou les constructeurs de chemins de fer dans l’ouest et le nord-ouest américain leur offrent de meilleurs avantages, sans hésiter, ils pousseront leurs migrations encore plus à l’est que les Hawaï, sur le continent même. Il est fatal que les appels de travail sur la côte californienne se fassent entendre jusque dans les îles. De ce réservoir où les plantations ont accumulé des coolies, il suffit, pour que vers la Californie le flot s’en écoule, qu’un avantage de salaires, même léger, dénivelle l’équilibre entre ces vases communicants.