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et qui continuent de penser qu’entre Jaunes et Blancs le problème doit se poser dans les termes que le vicomte Aoki, alors ambassadeur du Japon aux États-Unis, choisissait naguère avec beaucoup de diplomatie : « Je crois, déclarait-il, que la question de race peut s’arranger ; je nie qu’une différence de race implique nécessairement une radicale inimitié ; j’estime que de la rencontre de l’Orient et de l’Occident, à laquelle notre extraordinaire époque va assister, résultera par collaboration un idéal humain plus large que l’idéal actuel de chacun des deux hémisphères et aussi une civilisation plus douce, plus tolérante, plus riche qu’aucune des civilisations passées[1] ».

De même, beaucoup d’Anglais et d’Américains approuveraient volontiers ces remarques sur le péril jaune qui terminent un des plus récents livres parus en anglais sur l’Extrême-Orient[2] : « Personne n’est assez impartial, assez cosmopolite pour décider lequel du caractère asiatique ou du caractère européen est, dans l’ensemble, le meilleur. » Pourquoi parler de péril jaune pour notre civilisation ? L’humanité ne gagnera-t-elle pas à une plus grande influence de l’Extrême-Orient sur ses destinées ? L’extension de l’influence européenne signifie la diffusion sur d’autres continents non pas de la beauté et du génie de l’Europe, mais simplement des aspects les plus communs de sa vie et de son industrie… L’Ouest américain et les colonies britanniques n’ont

  1. Interview avec le Dr Hale. Times, 15 juillet 1907.
  2. Letters from the Far East, by sir Charles Eliot. Cite par The Spectator, Juillet 1907.