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la main-d’œuvre concentrée en Asie tend naturellement vers les hauts salaires. La synthèse de ces deux forces doit se faire dans l’ouest des deux Amériques, pays de grandes richesses naturelles. Elle serait avantageuse aux Américains, si les Japonais restaient les dévoués serviteurs du capital et s’ils étaient assimilables, mais l’expérience tentée aux Hawaï et en Californie prouve que peu à peu ils occupent la terre, qu’ils absorbent le capital, qu’ils délogent les Blancs de leurs emplois et qu’ils ne sont pas assimilables, or c’est sur l’idée d’assimilation que reposent ces nouvelles sociétés américaines, anglo-saxonnes ou latines, du Pacifique. Leur avenir dépendant de l’immigration étrangère, qu’une race s’introduise chez elles qui ne se mêle pas à la masse et leur démocratie est menacée.

Les Blancs pourront-ils fermer leurs pays tempérés aux Japonais et aux Chinois et les reléguer dans les champs de cannes à sucre des Hawaï, sur les chantiers de l’isthme de Panama, dans les forêts ou les deltas tropicaux de l’Amérique du Sud, là seulement où le Blanc ne veut pas aller ? Les Blancs qui manquent de main-d’œuvre pourront-ils refuser longtemps des bras solides, peu coûteux et qui s’offrent ? Les Blancs, qui développent leur commerce sur tous les points du Pacifique, pourront-ils longtemps entraver les rapports entre les hommes, alors que se multiplient les échanges de marchandises et d’idées ?

Ils sont nombreux à Londres, à Washington, Boston ou New-York ceux qui nient ce péril japonais