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plantations ; des sociétés furent capitalisées à des taux exorbitants. À Honoloulou qui, en 1900, avait 39 000 habitants, — plus d’un quart de la population du Territoire, — on construisit en hâte. Mais une baisse rapide des valeurs sucrières amena une crise financière ; on avait bâti trop et trop vite : beaucoup de travailleurs blancs sont repartis aux États-Unis. Même si le nombre des artisans japonais n’augmente pas absolument, leur nombre dans les divers métiers est proportionnellement plus grand.

Et les Japs, comme charpentiers, maçons, plombiers, ferblantiers ou peintres, réussissent à construire, non seulement des maisons pour leurs compatriotes, des cottages ou de légères maisons de plaisance, mais aussi de substantial buildings. Un entrepreneur américain disait : « J’ai bâti l’an dernier vingt-quatre maisons avec des ouvriers japonais. Six de ces maisons sont maintenant occupées par des charpentiers blancs qui payent un loyer mensuel de vingt dollars. Si j’avais employé une main-d’œuvre blanche, ils auraient à payer trente ou quarante dollars… À Honoloulou, nous pouvons faire pour trois cents dollars ce qui coûterait environ huit cents dollars en Californie. Mes Japs sont réguliers et sûrs et peuvent exécuter n’importe quoi. Je leur fais faire actuellement des meubles pour une maison que je construis. » Et un autre entrepreneur : « Nous pouvons lutter avec les Chinois et les Japs, quand ils sont abandonnés à eux-mêmes ; mais, quand ils sont dirigés par des entrepreneurs blancs, impossible. » À prendre les rôles de sept entreprises de construction à Honoloulou en 1900-1901, 1902, 1905, on constate la disparition des ouvriers blancs, — qui, très nom-