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quiéterait pas tant les travailleurs de Californie. Climat tropical qui ne convient pas à des Blancs, culture tropicale qui n’est point faite pour des hommes libres, en quoi les îles Hawaï, où King Sugar, roitelet de terre chaude, règne sur des serfs de couleur, pourraient-elles donner l’alarme à la côte occidentale des États-Unis dont le climat délicieusement nuancé mûrit des récoltes de céréales, de fruits et de fleurs ? L’afflux des Japonais aux Hawaï a-t-il vraiment chassé les Blancs hors des plantations ? Les Japs n’ont pas eu cette peine, car il n’y a jamais eu beaucoup de Blancs sur les champs de cannes. Ce qu’on peut dire, c’est que, à cause de la distance et de l’isolement des Hawaï, de la mauvaise volonté des planteurs et de l’envahissement des plantations par les Jaunes, les quelques poignées de Blancs qu’artificiellement on a voulu implanter n’ont guère prospéré. Très alarmante pour les planteurs et pour l’avenir des îles, cette situation l’est-elle autant pour le continent américain ?

Mais que les Japs aux Hawaï ne se résignent plus à n’être que des serfs de King Sugar, qu’ils exercent sur les plantations des métiers qualifiés et que dans la campagne ou à la ville ils en viennent à concurrencer les Blancs comme artisans ou marchands, — alors devant cette invasion asiatique, désastreuse aux salariés et aux petits commerçants européens ou américains, les gens de Californie croient avoir quelques raisons de prendre peur.

Comme artisans et comme marchands, entre Japonais et Américains c’est à qui survivra ; et les Blancs continûment perdent du terrain. Il n’y a pas plus de 50 p. 100 des Asiatiques mâles qui soient occupés à