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il pas, à moins que de ruiner l’industrie du sucre, supporter ces Japonais ? Les planteurs voudraient que le Congrès américain revînt sur l’acte qui exclut les Chinois. Importés pour trois ou cinq ans, réduits à la besogne de coolies, enregistrés, surveillés et rapatriés à l’aide d’une retenue faite par l’État sur leurs salaires, ils ne pourraient s’échapper, ni en Californie ni dans les îles, vers d’autres métiers. Mais aux Hawaï, l’opinion s’oppose à l’admission d’un plus grand nombre d’Asiatiques, et le Congrès ou le gouvernement de Washington ne veulent pas de ce servage légal. Et puis cette importation temporaire de Chinois ne serait qu’un pis aller. Tant que King Sugar ne trouvera pas à recruter ses serviteurs parmi la population permanente, il vivra d’expédients.

Il y a déjà un petit noyau de population formé de travailleurs jadis importés et qui se sont fixés dans les îles : Américains, Chinois, Portugais, Allemands, Scandinaves, Porto-Ricains, etc. Cette population, malgré qu’elle ait perdu 40 000 Hawaïens en cinquante années, a passé de 72 774 à 76 025.

Importer des Blancs coûte plus cher que d’importer des Jaunes, mais, tout compte fait, ne serait-ce pas une économie que d’encourager des immigrants qui pourraient se fixer dans les îles et s’y naturaliser, au lieu de continuer à dépendre d’une main-d’œuvre de passage ? Un Board of immigration a été officiellement installé en 1905. En février 1907, un vapeur anglais chargeait à Malaga 3 000 travailleurs pour les Hawaï. Mais que peut ce Board, malgré toute l’autorité que lui donne le gouvernement de Washington[1]

  1. « Nos efforts devraient tendre sans cesse à développer aux