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tional, mais plutôt des manifestations de race qui naissent à la suite de coups donnés ou de torts faits à des Japonais ; la solidarité de race s’étend parfois hors des plantations jusqu’aux domestiques.

C’est qu’ils ne veulent plus être traités en race inférieure. Ceux qui séjournent depuis quelque temps dans les îles sont moins maniables et plus férus de leurs droits que les nouveaux venus. Les lettres de leurs compatriotes leur disent qu’en Californie l’atmosphère de travail est moins pesante. Toujours à l’affût de nouveautés occidentales, ils entendent parler de socialisme. Enfin, les Japonais qui débarquent maintenant aux Hawaï ne sont plus les paysans d’autrefois, habitués à travailler tout le jour, pour deux yen par semaine et la nourriture ; ce sont des hommes plus instruits, plus mécontents de leur sort, capables de diriger un mouvement. Depuis quelques années, les Compagnies japonaises d’émigration ne choisissent, parmi les candidats à l’émigration, que des gens capables de leur rembourser les grosses avances de 200 ou 250 dollars qu’elles consentent. Résultat : ces émigrants ne sont plus volontiers coolies ; sur les plantations il leur faut beaucoup d’égards, et aussi vite qu’ils peuvent ils prennent des métiers ou filent aux États-Unis vers de plus hauts salaires. C’est en vain que le consulat japonais d’Honoloulou ou que la Central Japanese League essayent de tempérer cet esprit agressif et ambitieux.

Où trouver une main-d’œuvre plus sûre ? Les lois américaines interdisent l’entrée du Territoire à des travailleurs étrangers engagés par contrat et excluent les Chinois ; d’autre part, comme il n’y a pas d’immigration volontaire, sauf de coolies japonais, ne faut-