Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que c’est son intérêt, pour se garantir une clientèle stable, d’assurer à la plantation une main-d’œuvre stable.

Après cinquante années d’expériences et de sacrifices pour assurer à King Sugar cette main-d’œuvre suffisante et stable, il apparaît que le problème est encore à résoudre. En attirant sans cesse, hors de l’inépuisable marché d’Asie, des coolies bon marché, la fortune de l’industrie sucrière a retardé dans les îles la formation d’une main-d’œuvre permanente : pour les planteurs eux-mêmes, aux intérêts de qui pourtant tout a été sacrifié, c’est encore l’insécurité. À la rigueur, la main-d’œuvre actuelle est suffisante : l’arrivée de quelques milliers de Coréens, depuis 1904, a comblé les vides laissés par les Chinois et les Japonais. Mais cette main-d’œuvre est toujours nomade : dans les champs il n’y a pas plus de 50 p. 100 des Asiatiques mâles ; les autres sont attirés par des métiers plus qualifiés ou quittent les îles pour la Californie. Au surplus, il n’est pas bon qu’une seule nationalité domine. À consulter les tableaux des nationalités sur les plantations de 1892 à 1905 et des occupations par nationalité pour 1905, on voit que les Japonais y représentent 66 p. 100 des forces ouvrières :