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la plantation paie 1 dollar par tonne, la canne étant prise au sortir de terre et amenée à maturité.

L’avantage de ce système de participation aux bénéfices est d’assurer une main-d’œuvre suffisante, de la garantir contre les grèves et les troubles. Il permet l’emploi d’ouvriers moins nombreux, en les excitant à produire ; il convient à la culture du sucre sur de larges plantations. Un travailleur par contrat gagne plus d’un dollar par journée de travail effectif.

La plupart des équipes qui cultivent par contrat sont japonaises ; mais, proportionnellement au nombre des travailleurs sur les plantations, les Chinois plus encore que les Japonais acceptent ce système. Les Portugais ne s’entendent pas assez bien entre eux pour former de telles compagnies, et les Porto-Ricains en sont encore à les essayer, tandis que l’habitude et le goût de la vie en commun y ont de tout temps préparé les Asiatiques. À travailler par contrat, ils affinent leur sens inné de l’association ; ils gagnent la pratique des affaires commerciales, l’habitude de manier de l’argent et, aussi des habitudes de discipline et de responsabilité : ce système plutôt que la forme simple du salariat dresse ces coolies à une forme supérieure de vie et d’ambition. À la concentration des capitaux blancs, les Asiatiques sont naturellement préparés à opposer la concentration des salariés. Souvent les Chinois et les Japonais, sous-contractants sur une plantation, sont en même temps boutiquiers et vendent à leurs compatriotes. Les planteurs, qui ont des magasins où leurs employés peuvent s’approvisionner, tolèrent la concurrence de ce boutiquier chinois ou japonais parce