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chait sur la propreté japonaise, les fit peu à peu reléguer aux plus pauvres quartiers, tandis que l’Asiatique occupait les maisons qu’on avait construites pour eux. Déjà mal vus pour leur saleté, le nombre des criminels qui les accompagnaient et qui changèrent les habitudes des îles, où les vols et les agressions étaient rares, acheva de les compromettre. De leur côté les Porto-Ricains se plaignirent : en cette région tropicale où l’on peinait dur, ils se sentirent dépaysés ; ils refusèrent de travailler les jours de pluie et peu à peu gagnèrent les régions les plus sèches de l’île. Mais la mort, l’exil et les prisons ont éliminé les plus mauvais : sur ceux qui restent, le régime de l’île a eu de bons résultats ; le travail, les soins ont changé leur physique et leur moral ; ils perdent leur démarche molle et languissante et se redressent comme les Japs. Ils mettent de l’argent de côté, envoient leurs enfants à l’école, et sur beaucoup de plantations valent les travailleurs asiatiques. Pour inciter au travail régulier, on leur promet en dehors de leur paye un boni de 50 centimes par pleine semaine de travail, — prime que l’on n’offre pas aux Asiatiques.

Ces importations de Porto-Ricains produisirent un effet moral sur les Japonais, qui, depuis l’exclusion des Chinois, se croyaient maîtres du marché de travail. Par des accords qui préparaient à des grèves, aux moments critiques de la saison, ils avaient fait monter la paye moyenne de 60 à 76 cents par jour pendant l’année qui suivit l’annexion. L’arrivée continue de Porto-Ricains les força à rabattre de leur prétention au monopole. Mais quelle influence profonde, durable peuvent avoir ces quelques centaines