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Pacifique, l’arrivée dans un pays nouveau charmèrent ces grands enfants, mais il n’en resta presque aucun sur les plantations. Trop fantaisistes pour se plier à la règle, ils filèrent droit aux villes flâner et se distraire ; on les retrouva comme infirmiers d’hôpital, ou policemen ; d’autres s’engagèrent sur des navires. À quoi bon quitter la Louisiane pour retrouver des gages équivalents et la vie de plantation ? Contre ces Nègres, un préjugé de race très vif chez les Hawaïens alliés aux Américains et aux Européens exigea qu’on interdît désormais leur admission. Ils coûtaient cher à importer, et, loin de réagir heureusement sur la combinaison cherchée, ils risquaient de la salir.

Le Japonais continuant de pulluler, on essaya de le neutraliser à onze reprises, de 1900 à 1901, par l’addition de quelques poignées de Porto-Ricains. Pour amener 5 000 personnes, il en coûta 3 millions de francs, soit plus de 192 dollars par adulte mâle. Au débarquer, ils firent piètre figure, miséreux, faméliques, contaminés de toutes les maladies des Antilles, traînant derrière eux un cortège de criminels et de prostituées. Insuffisamment vêtus et mal nourris pendant le voyage, plus vite que la plantation, beaucoup gagnèrent l’hôpital et définitivement s’y installèrent ; d’autres vagabondèrent, mais leur dolce far niente n’était plus de mise dans les îles dont les régions habitées sont presque toutes occupées par des plantations, où l’on pourchasse ceux que l’on rencontre sans moyens d’existence. Forcés de travailler, on dut leur apprendre comment se vêtir, comment se nourrir, comment se loger et aussi quelques règles de morale ; mais la saleté de ces Porto-Ricains, qui tran-